mercredi 16 mai 2007

358 - La ronce et la plume

Je ne vous oublie pas, laide chartraine. Vous demeurez chère à mon coeur, vous qui avez si bien su me faire aimer les faces de gargouilles. Et les larmes des poupées de chiffon. J’aime vos yeux, beaux comme des étangs. Vos lèvres closes sont comme la rose sous le givre : sanguines, glacées.

Amante onirique, vous le visage sans beauté, vous le front de misère, votre couronne d’épines m’agrée. Vous plaisez à mon coeur, adorable victime. Si frêle, si pâle… Je célèbre vos grâces arides. Vous êtes un cantique, une arène, un tombeau. Cristal et austérité se mêlent en vous.

Je vous préfère aux fatales créatures à l’oeil cerclé de noir : votre sècheresse vous confère une authentique beauté. Vous portez un deuil radieux. Votre mélancolie met du feu dans vos prunelles. Belle vous êtes, vous la contadine, vous la misérable, vous l’éplorée. Que ne vous ai-je proposé un amour pervers et beau jadis, sous le ciel chartrain ?

Affligé je suis, moi l’esthète, moi le cruel, moi la plume.

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