Marie-Josette, célibataire dans la fleur de l'âge, n'a pas vraiment conscience d'être un authentique laideron. Du moins elle semble vouloir l'ignorer.
Ou pire : feindre de croire être une belle femme.
Certes elle arbore une grande chevelure blonde assez impressionnante qui la rend réellement séduisante vue de dos, certes elle a une large dentition bien carrée à faire enrager de jalousie une californienne de souche, certes elle se maquille avec goût et sa toilette est toujours luxueuse. Il n'empêche, Marie-Josette quand on la voit de face, avec ou sans fard, est ce qu'on peut appeler une femme laide.
Et même fort laide.
Ajoutons que son abyssale bêtise n'arrange rien au tableau.
Marie-Josette non contente de n'avoir point de poumons, ni de hanches, ni de flancs, ni aucune grâce, ne possède pas plus de cervelle. Bref, elle n'a rien de ce qui fait les charmes habituels d'une femme. Privée de l'essentiel, elle se rattrape sur le superflu : Marie-Josette, en effet, affectionne singulièrement la compagnie du vent, la contemplation incessante de ses souliers vernis, s'enquérant auprès de son concierge des rumeurs colportées par les journaux mondains, bavardant à n'en plus finir avec sa boulangère sur tout et rien.
Un jour, sous l'empire d'une de ses furies utérines, elle s'ingénia à chercher l'ivresse charnelle au-delà des bornes de sa réflexion et de ses moyens de séduction : elle fit des propositions libidineuses à un Apollon (nommé Arthur) deux fois moins âgé qu'elle et vingt fois plus attrayant.
L'inconcevable se produisit : l'éphèbe ne repoussa pas l'indigente, fit honneur à sa féminité absente, ne rechignant pas ensuite à s'afficher publiquement avec cette blonde chamelle au cerveau d'autruche.
Ils sont toujours ensemble, le prince charmant ayant été fidèle à sa Cunégonde écervelée. Ils n'ont pas eu d'enfants mais plein de critiques... Et se consolent de leur stérilité par des satisfactions égoïstes.
De quoi s'interroger sérieusement sur les mystères de l'amour !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire