J'ai vu le jour sous l'empire de Misère, dans les quartiers des damnés de Calcutta.
Certains disent de moi en riant, incrédules, que je suis une caricature, un cliché éculé, mais moi je sais bien que je suis un homme de chair et de lumière, fier et ravagé, plein de rêves et de douleur.
Elevé entre ciel et caniveau avec les herbes sauvages, la faim m'a poussé au crime. La geôle a fini d'endurcir mon coeur qui je crois était fait pour l'amour. Chien galeux parmi les loups, j'erre sur la terre des hommes, en quête de vengeance et de justice car les loups ont fait de moi un autre loup. Plus laid, plus libre, plus féroce, plus affamé.
Plus fort.
Ma force justement, je la puise dans le désespoir, n'attendant déjà plus rien alors que commence et s'achève ma vie.
Je souhaite la mort des riches, la victoire de l'arbitraire, la suprématie de l'altruisme universel et oeuvre de tout coeur pour le malheur de mes ennemis. Je porte en moi la haine la plus noire mais aussi un amour infini : la haine innée du pauvre pour le nanti, l'amour sans fin du déshérité pour son Dieu absent. Sans loi ni jours heureux, je conçois des guerres sans terme. Mais, n'étant qu'un gueux, je tue à mains nues, vole à pleins crocs, pleure sans larmes.
A présent je meurs de mes crimes, meurs de votre indifférence, meurs de faim. Vous m'appelez TERRORISTE parce que vous avez peur, parce que vous êtes riches, parce que vous êtes du bon côté de la barrière.
Avec votre belle conscience de repus.
Vous m'appelez TERRORISTE et moi je vous appelle COUPABLES.
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