Christine,
Vous avez raison : je me perds dans des batailles stériles et mes conquêtes ont le prix dérisoire des émotions fugaces, des satisfactions vaniteuses, des plaisirs sans lendemain. Pitoyable, je ne suis qu’un Casanova des causes éphémères.
Puisque mon plumage trop léger n’agrée point à votre cœur si exigeant, je ferai en sorte de devenir un phénix digne de votre nom. Vous deviendrez l’hôte privilégié de ce cloître d’honnêteté nommé Raphaël.
Je me ferai amant austère pour vous mieux plaire. Avec des paroles chastes, dévotieuses, voire âpres. Je veux gagner votre âme et non plus votre simple coeur de femme. Offrez-moi non plus votre infernal hymen mais votre front décent, que je le baise avec respect, pudeur et sérénité. Qu'entre nous règnent les lois majeures de la vertu : je n’aspire plus qu’à un blanc hyménée.
Elevez-moi à votre hauteur que je puisse admirer de près votre couronne et lui rendre grâce. Cheminons sur les voies droites, nettes et claires d’un amour débarrassé de ses terrestres souillures. Faisons triompher poésie, pureté, beauté. Dans cette admirable affaire l’esprit est souverain, tandis que la chair n’est que corruption, laideur et diableries… La grande aventure de l’authentique amour commence là où se rompt le joug de la passion impure. L’amant libéré des charnelles séductions peut alors s’offrir sans artifice à l’être aimé.
C’est une fusion des âmes qui s’opère, et exclusivement des âmes.
Oublions nos corps, cher amour. Soyons des anges, sachons aimer avec élévation, sachons aimer comme on aime si rarement en cette époque de moeurs immodestes. Ne regardez pas mes vieux péchés mais l’éclat neuf de mon âme livrée aux feux de la pudeur.
Je porte la croix de la Vertu qui me mène jusqu’aux deux cierges de vos prunelles posées sur mes larmes sanctifiées : je vous dédie mes plaies futures et vous conjure de m’aimer avec autant de folie désincarnée que de raison séculière.
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