vendredi 17 septembre 2010

883 - Les crimes contre l'esprit

A l'égal de la pornographie, de l'adoration de l'argent, du matérialisme outrancier, du culte du travail, la publicité est un des pires poisons de notre société.

Redoutable venin culturel, la publicité, par sa puissance de suggestion, la facilité avec laquelle elle embobine les âmes -qu'elles soient d'ailleurs fortes ou faibles-, provoque l'avachissement général des esprits. En mettant en scène de manière flatteuse la laideur, la vulgarité, l'insignifiance, elle a fait naître une pensée dominante dégénérée consistant à prendre en considération ses influences sur l'honnête homme depuis son berceau jusqu'à son tombeau (les couches et la stèle, "produits" qu'elle a d'ailleurs depuis longtemps récupérés), au même titre que la Vénus de Milo, l'Education Nationale, la Joconde, la Tour Eiffel ou les tranchées de la "14". Désormais le ver est dans le fruit. Au lieu de le combattre, on fait avec. Les publicistes sont parvenus à introduire leurs oeufs dans l'inconscient collectif. Belle réussite des parasites !

Ces miasmes mentaux font malheureusement partie intégrante du cerveau moyen. Dès les premières années de l'enfance l'espace cérébral de tout occidental est pollué, reconditionné, moulé pour correspondre à la seule véritable forme sacrée reconnue dans ce monde de rentabilité : celle d'un déversoir à merde, sa boîte crânienne prenant progressivement l'aspect d'un pot de chambre sans qu'il ne s'en rende compte. 

L'alimentaire domine dans la publicité : aucun siècle auparavant n'avait à ce point rabaissé l'homme en réduisant son cerveau à un ventre.

En rendant séduisante la médiocrité des existences aliénées à sa cause, la publicité est parvenue à ses fins.

Pour elle la bassesse des désirs consuméristes, la mollesse de la pensée dénuée de défense, la paresse du coeur épris de lessives, la bêtise des acheteurs, la pourriture des âmes avide de biens illusoires sont autant de portes grandes ouvertes, plus précisément de portefeuilles, sur la vertu actuelle : vivre dans la merde.

Le danger, c'est qu'avec ses subtilités la publicité devient de moins en moins racoleuse, de plus en plus sophistiquée. Elle s'adresse même à l'élite... Un comble ! Au point que beaucoup de ses victimes pensent qu'elle s'apparente à l'art. Avec tous les artifices à sa disposition, on lui a donné les moyens d'accéder à ses lettres de noblesse. Evidemment, comme toujours ce sont les sots qui se sont laissés berner.

Pour vider ces flots de merde qu'une partie de l'Humanité s'est coupablement laissé introduire entre les deux oreilles, un seul moyen : chier sur la tête des publicistes.

Rendre la matière malodorante à ceux qui la répandent dans les esprits.

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